When not posing as a 16-year old girl from Kansas in IRC chatrooms, I leave comments on the blogs I read, infused with my usual blend of sassy retort and insightful modesty.
Thanks to the wonders of a strict classical education, and the miracles of modern computer-assisted translation, I usually read and comment in all of four languages (at least that’s what Babelfish tells me). Struggling as I am for broadness of perspective amidst the perpetual echo chambering and intra-community navel gazing of each specific blogosphere… as well as wary to preserve my worldly credit at social functions, without much of the laborious skimming of foreign newspapers that used to come with it.
Among the unavoidable reads of the old continent, sits Laurent Gloaguen, phlegmatic, pipe-smoking, contemporary critique with the dedication of a pro and the tongue-lashing skills of… err… an unpaid expert. His blog usually attracts an eclectic, if not selective, crowd of readers, whose comments span the full spectrum of the childish to the very insightful. As many observers have cauda-venenumously pointed out in the past: “the comments sometimes surpass the content itself”. Which is both slightly unfair to the nice synthetic work Laurent does, and true of every other institutionalized fixtures of the blogosphere.
At times, I have ended up writing entire posts (long ones) in the comment section of some of his entries, instead of simply opening a parallel debate on my own blog: Often, I would find myself sucked into debate on ultra-topical issues I initially held little interest for, and ended up building strong opinions upon discussion… Also, I suspect, the sheer pleasure of using another language without the concern of boring a public that understandably prefers posts not written in some foreign gibberish (and often very much limited in their international scope). Actually, let’s be frank: a lot of my commenting on foreign blogs has to do with a will to practice otherwise unused languages skills, at one level or another.
Anyway, all that to say that I had a lengthy exchange of comments on one such blog in recent times, and not wanting to overstay our welcome, decided to take it on this blog, for added clarity and freedom of ranting. It’s all here. But beware, as it’s entirely written in this cheese-eating monkey patois they call “French”. Try Babelfish for added comic purposes.
Sorry and we will be back to ranting in a civilized language as soon as the next entry.
La discussion, en réponse à une entrée sans grande intemporalité de ce cher Laurent, démarra lorsque le très fortement cotonneux auteur de ces présentes lignes, trouva irrésistiblement drôle de commenter le lapsus grammairien d’un autre commentateur, par un trait de non-esprit pseudo-calembourifique assimilant le scrutin démocratique à un acte sexuel douloureux, voire non-consentant… certains y lisant peut-être un peu hâtivement une référence directe à la pratique sodomite homosexuelle, et même une manifestation évidente d’homophobie, immédiatement rapprochée du contenu politique du débat original. Bien évidemment, de telles accusations étaient plus propice à déclencher l’hilarité personel, qu’à me faire revenir sur mes paroles, autrement que pour demander qu’on ne m’en tienne pas rigueur lors de ma considération au titre de champion de l’Humour Spirituelle toutes catégories, pour l’année 2005.
Néanmoins l’insistance de certains à attribuer le simple vulgaire, tendant sur la faute de goût, à de la véritable virulence politique malfaisante, a fini par m’échauffer suffisamment pour que je me lance en mode diatribe, ce qui est rarement mon ton de discussion le plus avenant. Mais l’on ne choisit pas son humeur, j’en ai bien peur, surtout quand le sujet vous est cher. Et les thèmes de la liberté d’expression, du politiquement correct, de la politisation (ou non) des mouvements gays et la bigotterie gratuite de tout bord en général, me le sont particulièrement.
Un dernier mot d’avertissement aux éventuels courageux lecteurs doté d’un esprit curieux mais d’une âme sensible: bien que d’habitude fort réservé dans mon usage de la langue écrite, surtout quand il en vient à l’usage de grossièretés qui ne siérait guère à mes délicates lèvres virginales, je suis aussi resté un grand enfant immature, il suffit de me réprimander pour que j’use d’un language fleuri à faire pâlir les mânes de Rabelais. A bon entendeur.
Seuls les commentaires en rapport ont été reproduits, les autres sont disponibles sur l’entrée originale d’Embruns.
5. Le 29 mai, Philippe a dit :
En tout cas les français ont été votés et ça c’est bien !
En tout cas les français ont été votés et ça c’est bien !
Ça, pour être votés, ils sont bien votés à chaque élection. J’ai l’impression que plus ça passe, plus ils sont votés profond. On va finir par croire qu’ils aiment ça (et pourquoi pas, après tout… les plaisirs de la prostate, tout ça…).
8. Le 29 mai, Philippe a dit :
Euh… Je ne vois pas le rapport avec la prostate.
9. Le 29 mai, EM a dit :
Peut être faudrait il remplacer “votés” par “sodomisés” et je reste poli.
18. Le 29 mai, padawan a dit :
Eh bien là, ils viennent de se voter sans vaseline.
20. Le 29 mai, le roncier a dit :
Déçus ou pas, ce serait cool de pas tomber dans l’homophobie gratuite. Se faire enculer, ce n’est pas négatif, c’est un acte qui libère l’esprit et le corps. Et la vaseline, ca grignote les capotes, que du gel à base d’eau. Oui.
Entre les allusions homophobes (qui dans ce contexte montrent bien à quel point l’hétérosexualité est un système politique), les déclarations sur le vote censitaire puisque les prolos ont pas voté comme vous vouliez à 80%, et le bouquet avec le commentaire de Pierre Carion qui pue le crypto-réac fan de Sarkozy, j’ai un peu la gerbe : la lutte des classes existe toujours et elle se lit même ici. En même temps les hommes socialistes blancs qui vont voter Sarkozy qui va botter le cul à ces salauds de prolos, je suis fan : encore plus white-trash qu’une vidéo de Paris Hilton sur le net ! signé Les Espri(t)s médiocres
27. Le 29 mai, dr Dave a dit :
Alex, “Le Roncier”:
Vous allez rire, mais j’étais *tellement* sûr du coup de l’accusation homophobe que j’aurais pu l’écrire moi-même, juste pour vous faire gagner du temps.
Je ne condescendrai même pas à répondre, fusse pour prouver le degré de stupidité de l’accusation, et me contenterai de sourire benoîtement en recommandant une demi-seconde de réflexion supplémentaire la prochaine fois que vous avez envie de taper dans la réponse en conserve. Ça n’aide guère à prendre le reste de votre propos au sérieux. Mais à vrai dire, je crois que vous vous prenez déja vous-même un peu trop au sérieux…
28. Le 29 mai, Philippe a dit :
Déçus ou pas, ce serait cool de pas tomber dans l’homophobie gratuite.
Oui hein et tout ça à cause d’une faute d’orthographe. Je me retiens, mais je n’en pense pas moins.
Dr Dave : C’est marrant ce que tu dis, mais à chaque fois qu’un pédé signale que certaines façons de parler d’une défaite politique ou autre sont homophobes, y’en a toujours un pour dire qu’on raconte n’importe quoi. Que tu ne considère pas que traiter quelqu’un d’enculé soit homophobe, c’est ton problème et c’est à toi de t’interroger sur ton rapport à l’homophobie. Et trop sérieux ou pas, ce n’est pas à moi à me remettre en question face à ce que je ressens comme des insultes.
[…]
33. Le 30 mai, Le Roncier a dit :
dr Dave > Bien sûr, c’est juste une expression, c’est pour rire et tout ça. Va dire ça à Sebastien Nouchet, tu essayeras de le convaincre, comme la justice, qu’il s’est lui même immolé par le feu. Et mon commentaire était bien badin, comparé au reste des interventions. Me prendre au sérieux, ça fait bien longtemps que j’ai oublié, depuis ma première perruque, en fait.
[…]
35. Le 30 mai, dr Dave a dit :
Bon, le bref ne semble pas suffire, alors je vais essayer de faire exhaustif… Et ce sera mon dernier mot sur le sujet, je pense, parce que j’ai pas l’énergie de pinailler sur les résultats du référendum, c’est dire si j’ai envie d’ergoter dans les commentaires de Laurent sur le parler français version politiquement-correct 2005…
1) C’était un commentaire tout à fait médiocre, dont j’aurais probablement pu m’abstenir, ne serait-ce que parce que franchement, sa relecture m’arrache même difficilement un sourire en coin. D’un autre coté, j’ai une excuse: je baigne présentement dans un cocktail de molécules à nom gréco-latins, et la seule contemplation de mes doigts de pieds suffit à me faire rigoler sottement, ces jours ci…
2) En revanche, je ne retire pas, assume complètement, et en remettrais même une couche si je n’avais peur d’abuser de l’hospitalité blogosphérique de Laurent, l’usage ambigu de mots qui puissent être interprété comme blessant par des personnes qui s’entêtent à tout rapporter à leur situation propre.
Cela pour maintes raisons, mais une en particulier: je fais partie des ces goujats sans manières qui pensent que “l’on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui”.
Comme j’ai la faiblesse d’attribuer au lectorat de Laurent dans son ensemble, un niveau légèrement supérieur au vulgus pecus des masses infréquentables, je suis rassuré sur le second point, et n’envisage pas de me retenir sur le premier.3) Non seulement l’évocation indirecte (je rappelle que ce n’est pas moi qui suis rentré dans les explications à gros sabots et que je m’en serais volontiers abstenu) de la sodomie, dans un sens non-nécessairement péjoratif, mais pas forcément désirable par tous, n’est pas plus “homophobe” qu’à la rigueur machiste. Je ne sais pas lequel des termes, appliqué à mon auguste personne, ferait rire le plus de monde… en tout cas parmi les gens qui se renseignent avant de lancer à tout va des accusations stupides qui n’en sont pas moins graves et dont ce genre d’usage banalisant ne désert la cause de personne.
Si tu/vous ne connais/sez pas d’individus hétérosexuels ou homosexuels, couchant avec des hommes, et qui pourtant trouvent que la pratique de la sodomie est plus douloureuse qu’agréable, je vous invite à vous mettre en contact avec moi par e-mail, et je me ferais en plaisir de vous en présenter.Certes, il y a une connotation homophobe dans l’usage de cette expression en tant qu’insulte, je rappellerai au passage que toute personne qui a jamais utilisé l’un des nombreux jurons français à base de “con”, “putain” et autres expressions imagées du sexe féminin ou de son usage, est donc un d’affreux misogyne phalocrate violeur potentiel.
Il convient parfois de s’interroger sur le contexte d’un mot, avant de se jeter sur les réponses faciles à déclenchement mot-clef… sinon autant laisser Google taper vos commentaires…En conclusion, même si je compte bien m’abstenir à l’avenir de blagues éculées (sans ‘n’) sur les pratiques démocratiques françaises, je ne compte pas baisser mon usage d’expression fleuries qui d’ailleurs à elles-seules représentent une bonne partie de l’amour que je porte à la langue de Jean Genêt…
Non seulement ça, mais il m’est même souvent arrivé, et m’arrive encore, d’utiliser les équivalents anglo-saxons de ces odieux termes homophobes (et d’autres) dans mon entourage… ce qui ne pourra je l’espère, que renforcer mon image bien ancrée d’immonde beauf, casseur-de-pédé et porteur de gourmette… sauf si l’on ajoute le genre de relation qui m’unit d’habitude avec les receveurs de telles “insultes homophobes”…C’est tout? oui, je crois…
36. Le 30 mai, dr Dave a dit :
Ah ben non, c’était pas tout…
Alex dit:
qui dans ce contexte montrent bien à quel point l’hétérosexualité est un système politique
C’est n’importe quoi.
Je t’invite à aller regarder du coté de la politique américaine, qui a subi un développement différent a priori, mais ou malgré tout, la communauté gay commence à s’intégrer au paysage politique, d’un coté à l’autre du spectre…
Je ne connais pas grand chose à la politique française contemporaine, mais je n’ai pas le moindre doute que, quelque soit l’état actuel, il ne durera que les quelques années que pourront durer un état de ghettoïsation de plus en plus artificiel, qui s’effondrera aussi rapidement que des gens essaieront d’en tirer profit.
En clair: je ne vois vraiment pas en quoi le fait d’être pédé ne préserve d’être un extrêmiste politique, ou à droite, ou à gauche, ou modéré de quelque parti que ce soit, ou con, ou brillant… c’est une donnée démographique, qui a eu des conséquences historiques, mais *certainement pas* “un système politique”…
40. Le 30 mai, le roncier a dit :
Tu as tellement, tellement raison sur un point : Visiblement, ce n’est pas parce qu’on est pédé qu’on est pas un gros con homophobe. Le reste, tout le reste, serait tellement long à t’expliquer, et puisque tu réponds à côté, je m’abstiendrai de le faire.
L’hétérosexualité comme système politique, c’est justement une américaine, Monic Wittig, qui en parle. Et tes commentaires Dr Dave me confirment dans mon soutien à cette thèse : l’hétérosexualité est un système politique parce que les hommes hétéro-blancs-en bonne santé ont érigé leur point de vue en vérité universelle. La majorité des hétéros n’aiment pas ce faire enculer, mais ils aiment bien enculer les autres. Du coup, il leur semble tout à fait naturel de traiter les autres d’enculés. Faire remarquer que cette façon de parler nous blesse, déclenche la colère de ceux qui ont le droit de dire ce qui est juste ou pas : on rit de notre “politiquement correct”, on nous fait remarquer que con est aussi une insulte sexiste (je ne t’ai pas attendu pour le savoir), on nous décrit comme de ridicules coupeurs de cheveux en quatre rapportant tout à leur petite personne, et pire que tout on finit toujours par finir par nous faire le coup du communautarisme que les pédés us on su dépasser. Il y aurait beaucoup à dire là-dessus, mais revenons aux insultes. Alors bien sûr, tous ceux qui usent du mot enculés comme une insulte ne sont des violeurs-casseurs de pédés potentiels, mais en même temps avoue qu’il serait bien naïf de croire que seuls les violeurs-casseurs de pédés seraient porteurs de sexisme dans la société. Le sexisme traverse la société entière, toi et moi y compris, et c’est bien dommage de ne pas vouloir le voir. Enfin sache que je n’ai aucune image de toi : ni porteur de gourmette, ni violeur-casseur de pédés, je réagis seulement à ce que je considère de mon point de vue comme une façon de parler homophobe. Oui, mon point de vue est minoritaire, il n’en est pas moins respectable que le tien. Et si ghetto il y a, n’oublie jamais que l’on ne choisit jamais d’y être, mais que souvent les majoritaires vous y poussent, en toute bonne conscience, en refusant d’entendre ce que les minorités ont à dire.
42. Le 30 mai, michel v a dit :
Alex: je parie qu’au Japon, société machiste et homophobe s’il en est, tout est de la faute des hétérosexuels américains blancs en bonne santé qui ont imposé leur système politique à la fin de la seconde guerre mondiale. Et les paroles homophobes de rappeurs blacks américains leur ont été soufflées par l’homme hétéro blanc, Et dans la communauté gay, les barebackers
Quand je lis des exagérations pareilles, je me dis qu’il devrait exister un genre de point Godwin pour “la faute à l’homme hétéro blanc”,
43. Le 30 mai, alex a dit :
C’est toi qui a lu américain. Je n’ai jamais parlé d’hommes américains, juste d’une féministe américaine. Je ne parle pas d’individus, je parle d’un système. Mon point de vue est sûrement contestable, et j’aimerais beaucoup en discuter, mais j’attends des critiques, pas des caricatures de mon discours pour le faire.
44. Le 31 mai, dr Dave a dit :
Michel: tu m’ôtes les mots de la bouche… personnellement, je voterais pour la création toutes affaires cessantes, de la création du point Godwin “t’es qu’un sale homophobe”, si ce n’était pour le fait que l’accusation en la présente ne me semble même pas justifier de réponse sérieuse. “Mon rapport à l’homophobie”? attendez, il faut que j’interroge certaines personnes… Enfin je dis ça, je sais que je pourrais être Bruce LaBruce en personne, il se trouverait des gens pour affirmer sans bouger un cil que je suis juste un pédé qui se hait lui-même…
Alors pour les autres, juste un rappel rapide: un homophobe, c’est quelqu’un qui a des préjugé appuyés sur les préférences sexuelles d’autrui, voire éventuellement une haine, fondée ou non sur une insécurité de sa propre sexualité, vis-à-vis de ceux qui en diffèrent. Un *pédé* homophobe, Mr. Le Roncier, c’est une fouine républicaine qui “cruise” sur internet entre deux votes contre les droits gays, ou à la rigueur l’éternel macho agressif qui comprend pas pourquoi ça le met si mal à l’aise à chaque fois qu’il voit deux types s’embrasser…
Commencer a balancer du “sale homophobe” au premier qui fait soit un usage politiquement incorrect de termes sémantiquement glissant, soit dont les vues socio-politiques de la société diffèrent des vôtres, c’est d’une part un signe plutôt positif en fait, puisqu’il découle d’un luxe que n’avait certainement pas les pédés du Stonewall en 69. Mais c’est aussi l’amorce d’un type de rhétorique qui n’a jamais aidé les causes qu’il défendait: si on a instauré le point Godwin, c’est pour une raison (et pas parce que le monde entier était devenu antisémite d’un coup)…
Alex, quand à la “colère” de l’oppresseur hétéro-blanc-en-bonne-santé (pouf pouf, mais je m’excuse, là on rentre presque dans le domaine de la “private joke”) en réponse à formulation “humble” de “l’offensé”: on doit pas lire les mêmes commentaires… parce que moi, je vois surtout deux personnes qui me traitent d’homophobe, sans autre forme de procès.
Si ma justification du fait que je ne suis ni spécialement fier de mon humour version pseudoephedrine-paracetamol-a-500mg-par-heure, ni particulièrement honteux d’utiliser un terme qui à en croire certains devrait être retiré du dictionnaire, te semble tomber dans le registre de la colère… alors je pense qu’il ne vaut mieux pas que j’aborde la question de mon sentiment fasse à l’insulte qui m’est faite, ou plutôt me serait faite si j’arrivais à la prendre au sérieux. Parce que là, quitte à couper les cheveux en quatre et à reprendre à mon compte la rhétorique de mes consoeurs américaines, crois moi que tu en aurais, de la colère indignée…Tout ça, parce qu’à la base, il y a la volonté d’attaquer sans prendre le dixième de seconde à peine nécessaire, pour réaliser la part des choses, et faire la différence entre de la vraie homophobie qui n’a pas besoin de traiter les gens d’enculés pour avoir un sourire mauvais à chaque fois que ça remarque un mouvement un peu efféminé, et son contraire le plus total. Près même à un second passage encore moins excusable, dans le domaine de l’accusation gratuite…
Et tout ça au nom de quoi? huh? je suppose à l’hilarante conviction que j’appartiens à la race des oppresseurs à qui votre statut d’oppressés vous donne le droit de balancer tout et n’importe quoi à la gueule, sans vraiment s’inquiéter de la portée ou du bien fondé de ces accusations. Et en parlant de préjugés, ça change quelque chose si j’aime bien me faire enculer? si j’aime bien coucher avec des mecs mais pas me faire enculer? si j’ai pas d’avis personnel sur la question? si je suis une femme?
Vraiment, je fantasme avec mes délires de sectarisation (puisque nous sommes dans la guerilla sémantique, hors de question d’utiliser un terme aussi connoté que ‘ghettoïsation’: bien trop facile) artificielle? Désolé, mais je recommanderai amicalement de mieux choisir sa cible la prochaine fois…Ah oui, et:
La majorité des hétéros n’aiment pas ce faire enculer, mais ils aiment bien enculer les autres
La encore, je sais pas ou tu lis ça… où donc me suis-je prononcé quand à mes gouts où ceux de la majorité, en matière de versatilité sodomique? Il me semblait suffisamment évident qu’un nombre suffisant d’individus de tous sexes, couleurs de peau, prédilection sexuelle, sont à tort ou à raison peu portés sur la sodomie passive pour ne pas avoir à descendre la discussion à ce niveau, mais bon… Enfin puisque l’on en est à rehausser les sous-titres, 35 tailles de police au dessus, je rappellerai platement que dans ma peu originale intervention originale, j’avais pris ce qui me semblait la limite du ridicule en matière de précision oratoire, en notant (entre parenthèses) l’existence de divergence, quand à l’appréciation de ce plaisir, certes injustement décrié par le commun des hétéros. Désolé pour le manque de clarté: Laurent semble filtrer l’usage du tag ‘blink’ dans les commentaires…
[Encore un commentaire à cette enfilade, et j’ouvre un nouveau blog à http://gros-beauf-hétéro-blanc-en-bonne-sante.com pour continuer…]
Colère, le mot était sans doute trop fort. Je suis juste étonné de la longueur et du nombre de réactions que mes remarques et celles du Roncier suscitent. Quand à savoir qui tu es et quels sont tes goûts, tu as raison : je n’en sais rien. Mais je ne vois pas bien qu’elle en est l’importance. Ca ne change rien à ce que je dénonce. Tu n’es pas une cible, tu étais un interlocuteur, mais je pense que nous allons en rester là.
46. Le 31 mai, dr Dave a dit :
Je suis juste étonné de la longueur et du nombre de réactions que mes remarques et celles du Roncier suscitent
Tu remarqueras que j’avais initialement choisi la brièveté…
Il eut certes été plus facile dés le début de reconnaître qu’il s’agissait certe d’humour vaseux tendance Vermot, mais que l’accusation d’homophobie était tout aussi déplacée… et on aurait gagné bien du temps.
Pourquoi gagner du temps ? Je trouve toujours intéressant de confronter son point de vue. Et puis, ce qui me gêne le plus, ce n’est pas tant l’humour vaseux, même si je pense quand même avoir le droit de réagir à une blague que je ressens comme homophobe, sexiste ou raciste. C’est plutôt la suite qui me pose plus de question !
Et la briéveté : c’était avant la suite des trois commentaires où tu parlais de ton amour de la langue de Jean Genet ? Parce que justement, je voulais te rappeler que malgré toute l’admiration que je peux avoir pour Jean Genet moi-aussi, il ne s’est jamais caché de jouer un drôle de jeu quand il n’était pas encore écrivain : draguer des homos, les entraîner dans des hôtels et les dépouiller de leur argent… Homophobie intégrée ? je n’en sais rien. Même si c’est aussi ce paradoxe qui rend Genet fascinant, il n’en reste pas moins que son language n’est sûrement pas sans refléter ce qu’il pense ou pensait des homos.
48. Le 31 mai, dr Dave a dit :
Ah, la fameuse méthode française… La discussion par la confrontation… on se claque des gants a la gueule, s’envoie quelques balles dans un champs à l’aube, arrive à une conclusion synthétique mais sans compromis et on écrit un livre à la fin…
Certes, j’adore défendre mon point de vue, et suis même près à y passer un certain temps, je pense qu’on me croira sur parole sur ce point là… Mais commencer par des accusations gratuites ou des propos sans fondements, ça déclenche rarement mes meilleurs instincts: je suis plus enclin à peser et considérer les arguments qu’on me présente, si je n’ai pas l’impression qu’ils ont été forgé au même massif emporte-pièce que les jugements qui les précèdent.
En ce qui concerne Jean Genêt, je devrais peut-être clarifier ma pensée: je n’ai aucune sympathie particulière pour l’auteur, l’oeuvre, ou même le personnage: il me semblait juste un exemple idéal d’usager d’expressions “douteuses” qui n’en font guère un homophobe crédible pour autant. Je ne suis pas un biographe attitré de sa personne, mais à ma connaissance, la seule véritable homophobie qu’il n’ait jamais manifesté, c’était à travers des personnages dans ses romans: dans la vie, il assumait parfaitement son homosexualité, et pas nécessairement dans les conditions les plus faciles. Il me semble que, dans ton commentaire, tu ne fasses un peu hâtivement l’amalgame de la fiction et de son auteur.
Encore une fois, l’aspect le plus irritant de ce type d’accusation, et la raison pour laquelle je remplis inlassablement le disque dur de Laurent avec mon verbiage depuis quelques jours, c’est qu’elle est peut être aussi arbitraire qu’impossible à parer honnêtement: “sûr, Genêt était homo, mais on sent bien qu’il avait de l’agressivité latente vis-à-vis de certains homos. d’ailleurs il l’écrivait. et il utilisait souvent des termes à connotations hautement sexiste ou homophobe dans ses écrits. donc c’était juste un homophobe refoulé. QED”…
Moi je te demande, entre Genêt, le pédé sans secret ni loyauté “à sa caste” qui parallèlement militait pour les droits des gays aux US et leur assimilation aux mouvements politiques des minorités raciales, et son pote Cocteau qui n’a jamais dit un mot plus fort que l’autre, ni contre les homos, ni contre ceux qui les mettaient dans des wagons pour Dachau… Ou elle est la vraie homophobie?
Et puisqu’on a Genêt sous la main, et que nous sommes aussi en désaccord sur le rôle des minorité sexuelles dans les politiques du XXIe siècle: je t’invite à comparer la situation dans ce domaine: avant, pendant et après son incursion aux Etats-Unis. Son histoire représente fort bien à elle toute seul le fait que les minorités n’ont besoin de personne pour se taper sur la gueule entre elles, qu’elles sont aussi capables de se serrer les coudes quand le vent souffle du bon coté, et de se tourner à nouveau l’une contre l’autre dés que ça devient plus facile de lutter pour leurs droits communs.
Je ne peux guère offrir d’analyse de la “communauté” homosexuelle parisienne, si ce n’est que l’apogée de son engouement politique semble se situer aux environs de 22h30, un peu après les rediffusions de Queer As Folk sur le cable, et avant la première sortie en “before”…
En ce qui concerne la société Américaine, là, on en parle quand tu veux:
Les associations gays qui milite pour Bush, la bourgeoisie pédé qui est bien contente que les pauvres soient en prison plutôt que de gâcher l’harmonie des rues du Village ou piquer les essieux chromés de leur myada pour se payer leur dose de crack, les leaders blacks dont les discours homophobes feraient rougir des membres du KKK, le gentil racisme à base de “y’a noir, et noir NOIR” du résident Castro moyen, le mec (que j’ai rencontré) qui est président de l’alliance LGBT de sa fac mais se réjouit de ce que les vieux règlements anti-pédé de l’armée soient sur le point d’être révisés, histoire d’aller enfin défendre la Liberté et le Droit Sacro-saint de boire du coca frais dans les contrées irakiennes (“America, Fuck Yeah”), l’arsenal sans fin de blagues salaces lesbiennes de mon ami Jared, celui à qui son père refuse encore de parler 10 ans après, le mépris affiché des féministes pour les gym-queens et leur culte de la testostérone, ceux qui aiment enculer, ceux qui aiment se faire enculer, ceux qui aiment juste regarder, ceux qui aiment aussi les seins, les transsexuelles straight, les traîtres bisexuelles, les lesbiennes reconverties, ceux qui aiment bien mettre des robes, ceux qui préfèrent quand même les filles, ceux qu’ont a tripoté à l’église, ceux qui sont contents de leur sort, les insultes, les divisions, les agressions, les agressés, les blessants, les blessés, les martyrs, les drama-queens, les oubliés, les discrets, les frustrés…
Dis, s’il te plait, tu me dis là, ou il est ton “système politique”?
à part des tendances sexuelles vaguement communes et à peine systématisables qui ont eu à lutter pour se faire accepter par la société.En plus de tout ça, il y a une raison majeure pour laquelle les tenants de la thèse “politique hétéro vs. politique homo” sont en train de se faire descendre partout ou la reconnaissance des droits a atteint un seuil critique: pour chaque idéaliste solidaire qui voudrait espérer que les oppressés du monde peuvent se donner la main et oeuvrer à régler leurs problèmes ensemble, il existe neuf réalistes égocentriques dont la priorité incompatible est de se faire intégrer à la masse commune, en rangeant définitivement leur différence au nombres des traits démographiques sans valeur socio-politique.
Et note que je m’abstiendrai de toute prise de position entre les deux camps, juste que la seule existence du second condamne de facto tout les efforts de la minorité du premier.
[…]
A Suivre?
hi,
i use ot read your blog and i am interested to know how you did with “lire ce billet en francais”
i am french and i live in germany and i could use this (plugin?)
for writing in 2 languages.
thank you and cheers,
philippe
Philippe,
I use Language Picker a very nice and efficient little plugin for WordPress.
But this is mostly out of habit and conservatism: if I were to recommend a solution to start from scratch nowadays, I would recommend checking around what Bunny or Morgan have been working with. I think their plugins are both more evolved and more up to date and offer much better support and flexibility for true multi-lingual blogging. Actually, I’ll probably migrate myself as soon as I have a sec to do this.
Good luck!
En fait, il y a pas mal de points sur lesquels j’aimerais te répondre. Je vais essayer d’être clair, mais pas forcément court.
1 – Pour commencer : Genet. Je suis tout à fait d’accord avec tout ce que tu peux dire de Genet, y compris l’importance de son intervention auprès des Blacks Panthers, intervention qui portaient d’ailleurs beaucoup sur le langage. Mais les agressions homophobes dont je parlais sont un fait avéré, non une lecture particulière visant à supporter ma théorie. Je ne serais sûrement pas ce que je suis aujourd’hui sans Genet ; mais ces agressions restent un paradoxe assez percutant sitôt que l’on veut ériger Genet en chantre de la lutte anti-homophobe. De la à parler d’homophobie intégrée ? Ce serait sans doute voir Genet comme un être figé, alors qu’il a eu comme nous tous à se débarasser petit à petit de ce qu’on lui avait appris : Les pédés sont pires que des chiens. Pour ma part, je pense que cet apprentissage passe entre autres par le language et par le fait que la pire insulte pour un homme soit “pédé” ou au choix “enculé”.
2 – Que tu sois pédé ou pas, m’importe peu. Moi je le suis et sous l’effet de la colère, j’ai déjà traité quelqu’un d’enculé. Et je me suis vraiment senti dépassé par une insulte qui ne fait pas du tout parti de mon vocabulaire. Je n’aime pas vraiment me faire enculer (juste dans les grandes occasions), je préfère enculer. Mais quand j’encule quelqu’un je n’ai pas la sensation de le soumettre ou de lui faire mal. La sodomie est pour moi une pratique que l’on apprécie ou pas. Mais elle est pour moi associée au plaisir au même titre que n’importe quelle pratique sexuelle, que je la pratique personnellement ou pas. J’imagine que si je crie enculé à quelqu’un qui me met vraiment hors de moi, c’est sans doute qu’il existe des structures sociales qui ont fait entrer ce mot sous sa forme d’insulte en moi.
3 – Tu réduis souvent dans tes réponses mes positions à une défense du politiquement correct. Et que dire sinon que cette façon de se débarasser de la question, me fait chier. Pourquoi ? Parce que je trouve que cette façon d’éluder le problème est extrêment violente vis-à-vis de mes revendications ou de celles de toutes les minorités. D’une part parce qu’elle minimise le rôle du langage qui :
– est une expression des structures sociales sexistes, racistes et homophobes, et si changer le langage ne change pas la société, il permet de faire évoluer les mentalités : en ne considérant pas qu’enculé est la pire insulte qui soit ou que le noir est une couleur toujours associé à des choses négatives.
– est en soi une forme de violence : tous les jeunes qui se font traiter d’enculé sans encore savoir se défendre ou pire entendre les autres se faire traiter d’enculé, sans oser avouer que eux-aussi sont pédés, te le diront (ou leur taux de suicide d’ailleurs).
– est aussi une façon de construire son rapport au monde et aux autres. Il est sûrement très politiquement correct de ne plus dire nègre ou bonniche, mais je suis sûr que de ne jamais avoir appris ces mots dans mon enfance sont constitutifs de ma façon d’envisager les choses.
4 – Et pour finir pour ce soir, tu as presque raison de dire que rien ne réunit les pédés mis à part de minables séries télés et des quartiers pour faire du fric sur leurs envies de danser et de baiser. Tu oublies juste la seule chose qui unit les pédés : l’homophobie. C’est pour cela que je rappelai que l’on ne choisit jamais de rentrer dans un ghetto, mais que beaucoup de gens bien intentionnnés continuant de maintenir les pédés dans une position inférieure (dans les lois et dans leur langage) les poussent dans un ghetto. Il n’y a pas de problème homosexuel, juste un problème homophobe.
5 – En fait, une petite dernière pour dire que je n’ai jamais parlé de politique pédé et de politique hétéro, ce qui n’a aucun sens. J’ai parle de l’hétérosexualité comme d’un système politique : parce qu’elle est majoritaire, l’hétérosexualité se croit comme universelle et c”est en ce sens qu’elle est un système politique qui veut imposer à tous sa prétendue universalité. Et quand certains disent : je n’aime pas ce que tu dis et je pense que c’est une forme de violence, répondre qu’on est vraiment de pauvres pleurnicheuses et que ce n’est que du politiquement correct, je trouve que c’est vraiment une bonne démonstration de la volonté d’imposer à tous ce système et la vision du monde qui en découle.
Enfin parce que je suis bavarde, il ne s’agit pas de te moufeter pour finir par ergoter autour d’une discussion sans fin. Tu te sens offensé d’avoir été traité d’homophobe, j’aimerai te faire comprendre (puisque tu as l’air ouvert à la discussion) que certains qui ont moins d’armes que le Roncier ou moi-même peuvent se sentir violentés par ta plaisanteries non seulement de mauvais goût mais aussi révélatrice de structures que j’aimerais voir changer. Tu n’es sûrement pas un casseur de pédés, mais pourquoi vouloir à ce point nier que l’homophobie, le sexisme et le racisme traverse toute la société, nous y compris et qu’on peut faire changer les choses aussi en réféchissant à ses propres comportements ?
désolé pour les fautes mais c’est vraiment trop petit la typo de tes commentaires pour relire !